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Grippe aviaire Un nouveau prototype de vaccin, apparemment prometteur

Des chercheurs américains ont fabriqué un prototype de vaccin par génie génétique, capable de protéger des souris contre différentes souches de virus H5N1 de grippe aviaire isolées chez des malades, selon leurs travaux publiés jeudi en ligne par la revue médicale britannique The Lancet.

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Malgré ces travaux présentés comme prometteurs par les auteurs, il reste encore du chemin avant de disposer d'un vaccin sur le marché. La production de ce type de vaccins ne nécessite pas d'oeufs de poule, contrairement aux méthodes classiques de fabrication de vaccins contre la grippe saisonnière ou de lots de vaccins pré-pandémiques dirigés contre le virus aviaire H5N1, en prévision d'une éventuelle pandémie grippale que pourrait déclencher ce virus s'il venait à s'adapter aux humains. "Cela prend environ 6 mois pour faire un vaccin classique à partir d'oeufs, rappelle l'un des chercheurs Suryaprakash Sambhara. "Quatre milliards d'oeufs embryonnés seraient nécessaires pour fournir de quoi vacciner 1,2 milliard de gens à risque dans le monde", écrit-il dans Lancet.

En cas de pandémie d'origine aviaire, les virus H5N1 hautement pathogènes tuant les volailles, se procurer des oeufs pourrait devenir problématique. L'équipe de M. Sambhara (CDC, Centres de contrôle des maladies, Atlanta,) et Suresh Mittal (Purdue University) a utilisé un virus du rhume banal rendu inoffensif (un adénovirus défectif) et génétiquement modifié pour produire un composant majeur du H5N1, une protéine appelée hémagglutinine (H5HA). Cette dernière comporte une partie stable commune à différentes souches de H5N1. Les chercheurs ont administré ce vaccin à des souris, puis leur ont inoculé de grandes quantités de virus. Ils ont constaté que les rongeurs immunisés, en dépit de relativement faibles niveaux d'anticorps neutralisants contre les virus H5N1 Hongkong 2003 et Vietnam 2004, étaient protégés contre ces virus (ainsi que contre le Hong Kong 97 ayant servi à fabriquer le vaccin).

Outre l'absence de mortalité, "parmi les animaux vaccinés, il y a eu un minimum de perte de poids et de morbidité, sans effets secondaire indésirables", relève M. Sambhara. Ce prototype-vaccin mobilise en effet une variété spécifique de bataillons de globules blancs du système de défense immunitaire, des cellules CD8 T, qui aident l'organisme à se débarrasser du virus. "Ce vaccin protège contre le virus H5N1 de Hong Kong 2003 et aussi contre la souche Vietnam 2004, mais la souche Indonésie 2005 n'a pas été testée", indique à l'AFP M. Sambhara. Face à un virus pandémique de grippe d'origine aviaire, "il devrait protéger aussi", avance-t-il en estimant que son prototype a "donné 100% de protection".

Une demande de brevet protégeant ce procédé a été déposée, indique-t-il. "C'est intéressant, mais il reste encore beaucoup à faire pour passer, avec ce candidat-vaccin, de la souris à l'homme", relève Jean-Claude Manuguerra (Institut Pasteur, Paris). D'autres équipes travaillent sur différentes approches, comme celle dite de génétique inverse (GSK, Sanofi...). Dans tous les cas, il reste du travail avant de disposer d'une formule efficace d'un nouveau type de vaccin pouvant être produit en quelques jours et rapidement commercialisé, selon les spécialistes.

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